Hypnose

Quand on entend le mot "hypnose", on en a souvent toutes sortes de représentations. Voici tout d'abord les distinctions entre ce qu'est le processus d'hypnose conversationnelle et ce que ce n'est pas: 

Ce n'est pas: Etre manipulé, ne plus être conscient de ce qui se passe, créer de faux souvenirs, dormir, dangereux, magique.

C'est: un "état de conscience modifié" qui permet de reprendre le contrôle (que vous n'avez plus à cause de vos symptômes) sur votre vie par un travail de changement. C'est une capacité naturelle que tout le monde a et qui s'entraîne.

La technique de l'hypnose conversationnelle

Pour pouvoir comprendre très facilement ce qu'est cet état de conscience modifié, prenons un exemple que tout le monde a déjà vécu :

  • Vous êtes au volant de votre véhicule et prenez, comme tous les jours de la semaine, le chemin du travail/de votre domicile/de l'école/… Lorsque vous arrivez sur place, vous vous dites « mince, je ne me souviens même plus quel chemin j'ai pris exactement tellement j'étais dans mes pensées ».
  • Vous devez vous rendre quelque part puis, au bout de plusieurs kilomètres, vous vous rendez compte que vous avez pris un mauvais chemin.

Dans ces deux exemples, vous voyez que vous pouvez tout à fait être totalement conscient de ce que vous faites (sinon comment pourriez-vous conduire ?) tout en étant totalement « ailleurs ». Vous vivez un état de dissociation : votre corps est bien là mais votre esprit est ailleurs. Vous avez donc compris le principe de l'hypnose.

Dans les séances, vous avez donc toutes vos facultés et le loisir de dire ou faire exactement ce que vous décidez. Vous gardez le contrôle tout au long du processus et ne ferez jamais quoique ce soit qui soit en contradiction avec vos valeurs ou principes.

Il existe deux grandes écoles dans l'hypnose :

o Passive : vous restez passif durant la séance, seul le thérapeute parle.

o Active : vous êtes actif, il s'agit d'un travail de collaboration entre vous et le thérapeute.

Dans l'hypnose conversationnelle, il s'agit d'un travail actif, où le thérapeute et vous avez une conversation. Tout ce qu'il se passera durant la séance sera le fruit de votre travail, le thérapeute sera présent pour vous guider et vous soutenir. Cela signifie que vous allez puiser en vous pour trouver vos propres ressources, vos solutions. Ainsi, l'efficacité du travail n'en sera que meilleure car il viendra de vous.

De même, il existe deux grandes formes d'hypnose : l'auto-hypnose (vous pratiquez l'hypnose seul) et l'allo-hypnose (vous êtes accompagné, guidé par un hypno-thérapeute). En réalité, il s'agira toujours d'auto-hypnose car comme dit précédemment, vous gardez en permanence le contrôle et êtes conscient de tout. Vous allez donc vous-même vous mettre en état d'hypnose, guidé ou non.


Le trauma et le travail de l'inconscient

Alors, dans quel cas utilise-t-on cette technique ? Parlons un peu du trauma et de l'inconscient. 

Chacun peut, à un moment de sa vie, vivre un évènement difficile. Sans forcément parler de stress post-traumatique (bien que cela puisse évidemment être le cas), la personne va vivre cet évènement comme un réel trauma, quelque chose de très douloureux et ne va pas être capable de le surmonter, l'intégrer. Or, quand on vit un évènement très (trop) douloureux, notre esprit peut de lui-même se mettre dans un état hypnotique afin de se protéger car la situation ne lui plait pas. Cela va amener une dissociation du corps qui, lui, restera dans la situation déplaisante, et de l'esprit qui va se « bloquer » dans un mécanisme de défense, de protection.

C'est un peu comme si votre esprit allait ouvrir une porte, celle de l'inconscient, et y pousser ce traumatisme avant de la refermer. Vous n'aurez ainsi plus accès consciemment aux évènements liés à ce trauma. Cela explique par exemple les fréquentes amnésies, totales ou partielles, qui surviennent à la suite de ce type d'évènement. C'est ce que l'on appelle le refoulement.

L'accès à ces souvenirs n'est donc plus direct et l'on pourrait croire que s'il est « oublié », le trauma n'a pas/plus d'impact sur la personne (et que le mécanisme de défense de l'esprit a donc bien fonctionné).

Néanmoins, un trauma est un évènement tellement fort et choquant qu'il va venir s'imprimer, s'ancrer profondément dans le cerveau. Ainsi, bien qu'on n'y ait plus accès directement ou en entier, il va bien souvent revenir se manifester et pas de la meilleure des manières.

En fait, il va construire une sorte de toile d'araignée dont il sera le centre, avec des indices tout autour qui ne seront pas forcément directement liés au trauma mais vont faire vibrer la toile.

Prenons un exemple parlant : une jeune fille subi une agression sexuelle de la part d'un homme qui portait un pantalon rouge au moment des faits. Il s'agit d'un trauma, qu'elle va refouler et « oublier » pendant des années (mécanisme de défense). Puis, un jour, elle rencontre un homme en rue qui porte un pantalon rouge et elle ressent un malaise profond, mais sans bien savoir pourquoi. En réalité, le pantalon rouge va être un fil de la toile du trauma qui, une fois rencontré, va faire vibrer cette toile. C'est ainsi que de petits « détails » ou évènements indirects vont parfois avoir pour effet de lever totalement ou partiellement une amnésie et de venir toucher un point sensible chez la victime.

On peut par exemple se souvenir que lors de la révélation de l'histoire tragique de Julie et Mélissa dans l'affaire Dutroux, des dizaines de jeunes filles/femmes ont vu leur refoulement « exploser », autrement dit se sont « rappelé » de leur propre agression car l'affaire a fait vibrer en elles toutes les cordes du trauma refoulé.

On pourrait alors se dire que puisque le trauma est bien renfermé, il n'y a pas d'utilité à aller remuer tout ça. Bien sûr, cela peut paraitre plus « confortable » ou rassurant de vivre sa vie sans se rappeler d'évènements si difficiles. Mais si vous avez suivi le raisonnement, cela reviendrait un peu à la même chose que de vivre à côté d'un volcan en activité en ignorant le fait qu'à tout instant, il peut se réveiller et exploser. Car attention, ce qu'on a refoulé à un moment donné a un gros risque, tôt ou tard, de revenir à la surface et d'être réactivé par les cordes ou les fils dont on a parlé. Un simple mot, un bruit, une odeur peut venir faire vibrer le trauma et amener sans crier gare un retour du refoulé dans n'importe quel contexte (au boulot, en pleine réunion, au supermarché, etc).

Or, quand vous êtes en thérapie, vous êtes dans un contexte choisi, sécurisé pour faire ressortir ce refoulé, ce qui permet de pouvoir directement en diminuer son intensité et le « nettoyer » au lieu de le « subir » sans avoir aucun contrôle dessus.

Si on reprend le trauma, que l'esprit a poussé derrière la porte de l'inconscient, nous avons vu qu'il allait tout de même venir se manifester d'une manière plus indirecte. On peut donc expérimenter toute une série de symptômes qui, d'apparence, peuvent sembler n'avoir aucun rapport avec ce qu'on a vécu : troubles du sommeil, cauchemars, douleurs physiques, perte ou augmentation de l'appétit, ruminations, flash-back, hyper-vigilance, idées noires, phobies, voire même dans certains cas, hallucinations, impression d'égarement, d'abattement etc.

Si on travaille uniquement sur ces symptômes, on ne travaille pas le problème de fond. Ces derniers surviennent dans le conscient et ne sont que des « alertes » sur ce qui se trouve derrière la porte. Aussi, la seule façon de « nettoyer » le traumatisme lui-même de manière durable, c'est en passant par cette porte, en ouvrant la voie vers votre inconscient. Comment ? En revenant à l'état qui, à l'initial, a permis d'ouvrir cette porte vers l'inconscient et y pousser le trauma. Autrement dit, en se remettant dans un état d'hypnose.


Le processus d'hypnose et le nettoyage des traumas

« L'inconscient est bête et c'est en ça qu'il est intelligent ».

Le processus d'hypnose est en réalité très simple : on va transformer votre souvenir de l'évènement traumatique. Autrement dit, on va ré-ouvrir la porte de l'inconscient et modifier certains aspects de ce souvenir.

« Ca veut dire que je ne m'en souviendrai pas ? Ou que je vais croire que ça s'est passé différemment que dans la réalité ? »

Pas du tout. On travaille sur l'inconscient et non sur le conscient, ce qui signifie que vous aurez tout à fait conscience de comment se sont passées les choses dans la réalité mais qu'on va « l'arranger » dans l'inconscient. On va en quelque sorte le bluffer.

Etant donné que c'est votre inconscient qui produit les symptômes, raison pour laquelle vous êtes venus consulter, et que votre conscient se souviendra de tout, ce bluff va permettre à l'inconscient de se dire que « tout s'est bien passé » et donc, il n'aura plus besoin de produire de symptômes.

Prenons un exemple : vous est-il déjà arrivé de vous faire un scénario catastrophe dans votre tête ? Quand vous prenez l'avion, vous imaginez qu'il va probablement se crasher. Ou lorsque votre enfant/mari est en retard, vous imaginez qu'il a eu un grave accident ou s'est fait kidnapper. 

En réalité, vous vous mettez déjà en état d'hypnose puisque vous visualisez un scénario dans votre tête, vous êtes « dans vos pensées ». Lorsque vous vous faites ces scénarios catastrophes, vous savez consciemment que ce n'est pas la réalité. Pourtant que se passe-t-il dans votre corps ?

Vous avez des sueurs, des maux d'estomac, le cœur qui palpite, les mains qui tremblent, … Votre corps réagit comme si ce que vous imaginez s'était réellement produit. Votre inconscient est bluffé. Ce qui signifie que cela peut aussi se produire en sens inverse : si on est capable de produire des réactions négatives face à des traumas non réels, on peut supprimer des réactions à des traumas bien réels.


L'hypnose a donc des « pouvoirs » réellement extraordinaires, tout en étant un processus qui, en pratique, reste très simple. Beaucoup de personnes sont même « déçues » après une séance d'hypnose et se disent « quoi ce n'est que ça ? ».

Comme on l'a également mentionné plus haut, beaucoup aussi se disent « non réceptifs » ou ne pas avoir eu la sensation d'être entré en hypnose. En réalité, on peut un peu comparer ça à la plongée : on va descendre progressivement, rester à la surface au début, parfois plonger plus profondément puis pouvoir remonter et recommencer. Et même en restant « à la surface » tout au long de la séance, c'est tout à fait possible de travailler sur les traumas efficacement. Aucune inquiétude à avoir donc quant au fait de savoir si « oui ou non j'ai été en hypnose », car profondeur n'est pas synonyme d'efficacité.

Elle est utile pour tout le monde (enfants, ados, adultes, personnes âgées) et dans tous les cas. Pas besoin d'avoir subi un traumatisme au sens théorique du terme pour faire de l'hypnose, cela fonctionne pour une variété de difficultés : stress, anxiété, TOC, dépression, burnout, séparation, deuil, agression, accident, maladie psycho-somatique, etc.